Markus Eder, ce skieur italien vainqueur du Free Ride World Tour en 2019 et largement considéré comme l’un des meilleurs riders actuels, en rêvait depuis 6 ans. “La Ligne Parfaite”. “La Descente Ultime” (“Ultimate Run”).
Il l’a fait.
A la frontière entre la Suisse et l’Italie, depuis les sommets au-dessus de Zermatt à la vallée de Luttach en Italie, Markus Eder a réalisé un exploit XXL, et une vidéo de 10 minutes tout bonnement incroyable.
La descente de Markus Eder en vidéo
A savourer sans modération.
“The Ultimate Run” : entretien avec Markus Eder
Markus Eder répond aux questions posées par les équipes de RedBull, coproducteur de ce film.
Comment t’est venue l’idée de ce projet ?
J’en rêvais depuis longtemps. J’avais déjà tenté de le réaliser en 2015, mais je m’étais disloqué l’épaule dès la première séquence. Pourtant, l’envie est restée.
Après avoir gagné le Freeride World Tour en 2019, je me suis donc rapproché des gars de Legs of Steel et ça leur a tout de suite plu. À partir de ce moment-là, ça n’était plus mon seul projet, mais le nôtre.
J’ai toujours eu envie de dévoiler toute l’étendue de ma pratique dans un seul projet fluide. J’aime m’adonner à toutes les disciplines, et cet Ultimate Run m’a permis de les rassembler.
Des hauts sommets aux villes minières, le film couvre de nombreux spots différents. Comment les as-tu choisis ?
J’imaginais depuis longtemps les lignes dans le château et celles à travers Klausberg. En fait, mon père est né dans ce château et j’ai appris à skier à Klausberg. Autant dire qu’on parle de deux spots très spéciaux pour moi. J’ai découvert les autres petit à petit.
Je suis notamment tombé sur cette ville minière en cherchant des décors urbains sur Google street view. Elle n’est en fait qu’à une heure de route de ma ville natale. Cette véritable Mecque a été l’une de mes plus grandes révélations dernièrement.
La variété des décors t’a aidé à imaginer des figures uniques. Quel trick a la plus belle histoire ?
Celle du backflip depuis le camion est assez marrante. Mon pote Tof a utilisé celui de son entreprise de construction, et le seul moment où j’avais assez d’élan pour rentrer le trick, c’est lorsqu’il se crashait contre un mur de glace.
Il devait donc freiner tard et foncer droit dans le mur! Autant dire que le camion était pas mal abîmé à la fin…
Et le gros 360 envoyé à Zermatt ?
Je voulais faire un gros air, et le gap de Zermatt était parfait pour ça. Et comme j’ai rentré facilement la plupart de mes tricks au cours de la saison, j’ai tenté celui-là sans m’échauffer.
Sauf que ça ne s’est pas passé comme prévu. J’ai mal jugé la direction prise pendant le décollage et j’ai atterri plusieurs fois dans une zone pleine de gros morceaux de glace. C’était super gênant. D’habitude, je sais ce que je peux faire ou non, mais visiblement pas sur ce coup-ci.
Comment as-tu géré la pression qui accompagne un tournage de deux ans ?
Comme toutes les idées étaient les miennes et que nous avions assemblé une équipe de top niveau, j’ai effectivement subi pas mal de pression. Je ne pouvais pas me blesser. Le moindre souci aurait fait dérailler le tournage, alors que toutes les séquences devaient s’enchaîner.
D’habitude, tu testes quelques gros trucs sur chaque élément. Cette fois-ci, je devais tester le spot, tenter une figure difficile et ensuite boucler la session. Il y a de nombreuses séquences que j’aurais pu mieux faire, mais de façon globale, je ne pouvais pas trop m’engager parce qu’il fallait que je me préserve physiquement.
Tu es habitué à filmer avec des grosses équipes. Être le seul skieur en lumière n’a pas été trop dur ?
Être le seul skieur impliqué a clairement été le plus gros challenge, mais c’était aussi très cool. Quand vous filmez avec un gros crew, vous ridez ensemble, vous prenez des décisions ensemble et vous galérez ensemble.
Mais cette fois-ci, j’étais en solo et c’était assez compliqué mentalement. J’ai appris que rider un rail effrayant est beaucoup plus facile quand d’autres skieurs le font aussi. J’ai très envie d’y retourner avec une plus grosse équipe. Pas d’être à nouveau isolé sur un projet très personnel.
Ce run couvre tous les styles de freeride. Comment as-tu réussi à rester motivé en passant d’une discipline à l’autre ?
Après avoir fait du backcountry pendant un mois, je n’avais qu’une envie : passer au park le suivant. Sauter d’un style à l’autre m’a surexcité. Dès que je m’ennuyais, je changeais. Je pense que c’est le secret pour maintenir un tel niveau de maîtrise.
D’habitude, une fois qu’on se lance dans le backcountry, on ne fait plus machine arrière. Mais le park est tellement fou que je pense le rider toute ma vie.
Quelques précisions sur cette descente ultime
Pour éviter que certains commencent à s’imaginer n’importe quoi, et pour répondre aux questions les plus fréquentes…
Cette “Descente Parfaite” est composée de plusieurs séquences
Cela paraît évident, mais certains s’imaginent le contraire… Sachez que cette vidéo a nécessité plus de 100 jours de tournage dans les Alpes ! Non ce n’est pas un skieur avec une GoPro sur son casque et un pote avec son drone qui ont réalisé une telle vidéo…
Attention, l’exploit de Markus Eder n’en est pas moindre pour autant ! Mais il est bon de réaliser que pour faire une telle vidéo, il faut un skieur exceptionnel, ainsi que toute une équipe technique (Un grand bravo à Christoph Thoresen, le réalisateur) et le soutien de nombreux sponsors.
Où a été tournée cette vidéo ?
Environ 80% des séquences ont été filmées dans la vallée de Luttach, en Italie, la région natale de Markus Eder. La station de ski que l’on voit principalement est celle de Klausberg.
Le reste a été tourné à Zermatt. C’est là que commence le film, lorsqu’il descend les sommets dans la poudreuse et se faufile entre les séracs.
Combien de prises pour cette vidéo ?
Impossible à savoir, mais Markus Eder affirme que le shoot sur le rail de Klausberg a demandé plus de 200 tentatives. Cela vous donne une idée du travail qu’il y a derrière…