Le massif de l’Anti-Atlas s’étend, comme le Haut Atlas, d’ouest en est à partir de l’océan Atlantique. Au Sud du Maroc il se dresse comme un des derniers remparts avant le désert du Sahara. L’intérêt de cette région pour un trek au Maroc est double : on y découvre des paysages sublimes dans des endroits très peu fréquentés. Que demander de plus ?
Nous quittons rapidement Agadir, ville balnéaire récente – car ravagée par un gigantesque tremblement de terre en 1960 – où nous avons atterri, pour nous diriger vers Tafraout, au coeur de l’Anti-Atlas, la montagne rouge qui nous attire comme un aimant.
Après avoir traversé la plaine du Souss, région fertile et véritable réserve maraîchère du Maroc mais aussi de la France, nous attaquons les collines plus arides. La végétation se fait plus rare et se dresse parfois au détour d’un virage un village fortifié reconnaissable de loin, avec son grenier à céréales tout au sommet. Celui de Tizourgane est particulièrement impressionnant : dressé en haut d’une colline, il permettait autrefois aux villageois de conserver les céréales en lieu sûr, et de s’y abriter en cas d’attaque.
L’huile d’argan
Au fur et à mesure de notre progression dans l’anti-Atlas, la végétation change et apparaissent peu à peu les arganiers, arbres endémiques du Maroc. Utilisé comme bois à brûler il y a encore quelques années, son destin a peu à peu changé.
Depuis quelques années, l’huile d’argan, alimentaire ou cosmétique, a fait son grand retour et c’est tant mieux. Les femmes des villages de l’Anti-Atlas peuvent ainsi planter et surtout ramasser les fruits de l’arganier pour en extraire leur huile si précieuse.
C’est d’autant plus une bonne nouvelle que ces arbres offrent une silhouette absolument majestueuses et des touffes de vert magnifiques dans le paysage (sans parler de mets de choix pour les chèvres qui aiment y grimper, malgré les épines, pour en brouter les petites feuilles et les fruits).
Tafraout, la perle rouge de l’Anti Atlas
Calée au coeur de la vallée d’Ameln, la petite ville de Tafraout a de quoi enchanter plus d’un trekkeur. A nouveau, on n’y trouve pas de touriste, une vie locale et simple bouillonnante : marchés, petit souk… et toujours, cette vue imprenable sur les montagnes de granite rose qui l’entourent.
Ici les gens vivent de l’agriculture de céréales et surtout des arbres fruitiers, amandiers, arganiers, oliviers, figues de barbaries.
Tafraout sera donc le départ de notre trek, après avoir avalé une délicieuse tajine dans un des restaurants locaux.
Notre trek au Maroc dans l’anti-Atlas
Etape par étape, notre itinéraire détaillé.
En route vers les roches peintes de Tafraout
Nos pas dans la vallée d’Ameln nous mènent, pour commencer, au milieu des parcelles cultivées : arganiers, amandiers, oliviers. Certes, le sol est sec, l’eau doit sûrement manquer en plein été, mais les arbres trouvent quand même la ressource nécessaire pour pousser et les hommes (et surtout les femmes) pour les cultiver.
Au détour d’un palmier se dresse devant nous un “doigt” de granite rouge levé vers le ciel. Nous contournons ce monolithe pour le moins impressionnant pour traverser le village Agard Oudad (littéralement “derrière le doigt”) qui se cale dans les rocher de granite rouge et dont les murs revêtissent la même couleur.
Nous continuons notre progression pour arriver à notre campement pour ce soir, après 3 heures de marche environ. Et là, quelle surprise, le soleil, qui s’était fait timide toute la journée ose enfin pointer le bout de son nez pour éclairer comme par magie les roches rouges et bleues de ce lieu enchanteur.
Nous sommes en effet aux fameuses roches bleues de Tafraout, peintes en 1984 par l’artiste belge Jean Vérame. Tergiversé, contesté, mais à ne pas manquer sans nul doute, ce lieu dégage pour moi une atmosphère particulière unique, un goût de nulle part ailleurs.
Avant de nous installer pour déguster le succulent couscous préparé par le staff Allibert aux petits soins, nous partons crapahuter dans les rochers avoisinants pour profiter des derniers rayons du soleil. Impression de bout du monde, je me laisse bercer par la tranquillité et la beauté des lieux.
Vers le pied du djebel Lekst
Aujourd’hui, direction le col Tizi n’Tallat après avoir marché dans les magnifiques roches rouges au petit matin.
Les paysages lunaires variant entre le rouge, l’orange et l’ocre s’offrent à nous ponctués ça et là de touches de verdures avec les arganiers et les figues de barbarie : c’est un véritable régal pour les yeux et je mesure ma chance de marcher dans ce lieu préservé.
Nous redescendons vers un fond d’oued verdoyant qui sera notre halte déjeuner du jour, au pied des palmiers. Puis nous reprenons notre marche, toujours animée par les explications détaillées de notre guide : c’est aussi cela que j’aime en trek, marcher pour nourrir mon corps, mais aussi mon esprit en apprenant les us et coutumes locales.
Le dernier campement de notre trek dans l’anti-Atlas
Après cette belle journée de marche et un détour au hamman (à lire un peu plus bas), nous voici de retour au campement, zens et détendus. Un tajine plus tard et me voilà dans les bras de Morphée, histoire d’être prête pour un réveil aux aurores le lendemain. Nous sommes en effet au pied du djebel Lekst, l’un des sommets de la chaîne de l’Anti-Atlas qui culmine à 2359m et je ne voudrais rater pour rien au monde le lever de soleil sur ses parois rose-rouge.
Vers 6h30 le lendemain matin, je ne suis pas déçue : le soleil est certes un peu voilé, mais la quiétude des lieux et la beauté de la montagne au petit matin sont sans égales.
Contemplation méditative devant les sommets qui se parent de couleurs. Il fait un peu frais, j’ai sorti la doudoune testée lors de ce trek, la Trilogy Diamond de Millet dont je n’ai pas été déçue !
Le Hamman, une découverte riche en émotions
Quand Brahim, notre guide, nous propose un détour par le hamman de Tafraout, il nous met en garde : “Attention, il s’agit d’un hamman traditionnel fréquenté exclusivement par des locaux”. Notre curiosité est d’autant plus aiguisée, nous sautons sur l’occasion : un bon moment en perspective, mais surtout l’occasion de vivre un moment différent, typique et unique.
Et pour tout vous avouer, nous ne sommes pas déçus ! Pour commencer, oui, c’est sûr, ce n’est pas ici que nous croiserons des touristes, c’est une évidence. Mais ce qui m’a le plus touché, c’est le fait de partager un moment d’intimité avec toutes ces femmes que nous avons croisées très couvertes dans la rue et qui sont ici dans leur plus simple appareil, avec leurs enfants ou entre amies, en train de profiter des vertus du hamman, de rire, et tout simplement de bavarder.
Après un petit temps d’adaptation et d’observation, nous commençons le rituel, savon noir, puis gant de crin. Outre l’aspect très agréable de ce moment, j’ai vraiment aimé découvrir une coutume du quotidien pour les marocains et la partager.
Bref, vous l’aurez compris, si vous vous rendez à Tafraout, n’hésitez surtout pas à pousser la porte d’un hamman (attention, poussez la bonne cela dit, ici c’est les femmes d’un côté et les hommes de l’autre), vous en garderez un souvenir inoubliable.
Retour à Agadir par Tiznit et la côte Atlantique
Toutes les bonnes choses ont une fin et c’est avec regret que je quitte la montagne. Nous partons vers Tiznit où nous profitons d’une belle balade dans l’ancienne médina toujours encerclée par une longue muraille.
Lestée d’un plat à tajine, je continue à découvrir cette charmante ville aux multiples portes turquoises.
Puis nous repartons pour le Parc National de Souss Massa, à quelques dizaines de kilomètres au sud d’Agadir. L’occasion de faire un tout autre type de randonnée, le long de l‘embouchure de l’oued Massa pour arriver jusqu’à l’océan.
On peut observer dans ce parc mammifères (mangoustes, gazelles…) et surtout oiseaux, notamment l’ibis chauve qui en est la star. Nous ne l’avons vu que de loin et en vol, mais ce n’est pas très grave, nous avons surtout profité de cette dernière balade dans la nature sous un soleil de printemps bienvenu avant notre retour en France.
Cette parenthèse marocaine m’a charmée par ses paysages rouges lunaires pourtant si vivants et tellement dépaysants, et m’a envoûtée par sa quiétude et sa tranquillité. Vivement le prochain départ…
Partir au Maroc : informations pratiques
Quelques infos utiles avant de partir.
Sécurité au Maroc
Aucun sentiment d’insécurité dans ce voyage où nous nous sommes sentis très bien accueillis partout où nous sommes passés. Comme s’est plu à le rappeler notre guide Brahim pendant le séjour, point d’attentat à recenser au Maroc ces derniers temps.
La meilleure période pour partir en trek dans l’anti Atlas
Toute l’année à l’exception des mois les plus chauds : juin, juillet, août et septembre. Bien sûr, c’est au printemps que vous aurez les plus belles couleurs avec les arbres en fleurs et le vert tendre des feuilles d’arganier.
Nous sommes de notre côté partis début mai et, bizarrerie du climat (ou réchauffement climatique, qui sait…) nous n’avons pas eu si chaud que ça, ce qui est assez exceptionnel visiblement.
Comment se loger au Maroc ?
Vous pouvez bien sûr emmener votre tente ou dormir dans les hôtels, mais dormir chez l’habitant est un excellent moyen de découvrir la culture locale et de connaître tous les bons plans, surtout si vous choisissez un hébergement chez des camarades sportifs.
Photo principale par Toa Heftiba
3 commentaires
Bonjour, on voudrait partir au maroc et je suis intéressée par le trek en anti atlas. Vous pensez que le début novembre il peut y faire froid? sans le guide ca semble faisable pour vous ( on a déjà fait le mgouns seuls et ça a été faisable) combien de jours avez vous fait et quelle est la difficulté selon vous? le logement c’est uniquement le tente ou il y a bien des gites? il y a des sentiers marquées parfois? merci! aneta
Bonjour, nous allons dans l’Anti Atlas mi mars, et cherchons itinéraire, voir guide pour randonnées de 2-3 jours (6h max / jour) … des contacts locaux ou autres idées. Merci d’avance
Notre partenaire Sportihome est le meilleur moyen d’entrer en contact avec des locaux passionnés de randonnée. C’est tout l’intérête de Sportihome : ce n’est pas seulement un logement, mais aussi un contact avec des sportifs locaux…
Pour l’itinéraire, pourquoi pas suivre celui qui est décrit dans l’article ? 🙂