“Tu skies combien de jours par an?”
Cette question, autrefois anecdotique, est devenue aujourd’hui cruciale, en particulier sur les réseaux et les forums
Le nombre de jours de ski est, semble-t’il, ZE critère ultime pour distinguer les “vrais skieurs” des “touristes”… Syndrome d’une époque qui privilégie la quantité à la qualité et recherche la performance plus que le plaisir ? C’est un débat dans lequel nous n’entrerons pas.
En revanche, nous tentons ici d’apporter une réponse argumentée, mais ne prétendons pas vous révéler “la vérité absolue”, celle à laquelle tout le monde doit se plier. On cherche juste à vous aider à vous faire une idée.
Petits rappels bienvenus
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il semble opportun de rappeler quelques données factuelles :
- La majorité des stations de ski sont ouvertes entre 120 et 150 jours par an
- En visant large, une saison de ski commence mi-novembre et se termine mi-mai, soit environ 180 jours.
Par ailleurs, tout le monde ne peut pas “dédier sa vie au ski”. Ainsi, on ne prend pas en considération, tous ceux qui :
- Ont des week ends de 5 jours toutes les semaines (en plus de leurs 8 semaines de vacances)
- Ont la capacité pour “enchaîner sans problème 8h de boulot et 4h de ski” (En plus de 3h sur internet…)
- Ont la possibilité de “skier l’hiver en Europe et l’été en Amérique du Sud”
- N’hésitent pas à faire 500 bornes dans la journée pour aller skier, parce que “quand on aime on compte pas” (enfin on ne compte pas l’impact carbone, parce que les journées de ski, ça on compte!)
Combien de jours de ski par an ?
Pour viser large, on compte tous les types de glisse : ski de piste évidemment, mais aussi ski de randonnée, snowboard et ski nordique. Un “vrai de vrai” pratique toutes les glisses, non ?
Moins de 10 jours de ski par an
C’est la réalité pour la majorité des amateurs de ski.
Cela correspond à une semaine de vacances en station, et 1 ou 2 weekend de ski. En espérant que vous avez de bonnes conditions tous les jours, ce qui n’est pas garanti en montagne !
Dans cette catégorie, on retrouve en particulier ceux qui n’habitent pas à proximité d’une station. Sachant que les départements de montagne accueillent à peine 8 millions d’habitants, c’est le cas de près de 90% des Français !
On retrouve aussi beaucoup d’habitants de ces départements qui aiment bien le ski, mais qui n’ont ni le temps, ni le budget pour y aller plus souvent.
De 10 à 30 jours de ski par an
On entre dans la catégorie que l’on va nommer “passionnés de ski”.
Cela représente 2-3 semaines de vacances, auxquelles on ajoute 6 à 8 week ends de ski, et toujours en considérant que les conditions sont bonnes, autant au niveau de la météo que de l’enneigement.
Skier autant demande certains sacrifices, aussi bien financiers qu’au niveau de l’emploi du temps, pendant toute la saison d’hiver. Mais c’est un objectif qui reste tout à fait atteignable, autant pour ceux qui vivent en ville que ceux qui habitent en montagne.
De 30 à 50 jours de ski par an
Ici on parle de “super passionnés de ski”, qui peuvent difficilement avoir d’autres activités pendant la saison d’hiver.
Pour atteindre cet objectif, il faut skier environ 2 jours par semaine sur toute la saison d’hiver. Passer tous les week-ends au ski de décembre à avril, ce n’est pas rien !
Il est difficile (mais pas impossible) de skier une quarantaine de jours par an sans habiter en montagne. Mais même pour ceux qui habitent en station, il est difficile de pratiquer d’autres sports d’hiver…
De 50 à 70 jours de ski par an
A ce niveau là, on parle “d’acharnés du ski”, qui ne pensent qu’à cela de novembre à mai.
Pendant 6 mois, il faut passer environ 1 jour sur 3 sur les planches pour atteindre cet objectif, ce qui est difficilement jouable pour le commun des mortels. Surtout, encore une fois, que les conditions ne sont pas bonnes tous les jours !
Il est impossible de skier autant sans avoir un pied à terre près d’une station. Que ceux qui prétendent le contraire expliquent comment ils font.
Même en vivant en montagne, skier 60 jours par an demande pas mal de sacrifices, au niveau des autres activités hivernales, mais aussi de la vie de famille, de la vie professionnelle, et de la vie sociale.
De 70 à 90 jours de ski par an
On entre dans la catégorie des professionnels de la montagne, au sens large : pisteurs, perchman, moniteurs de ski, mais aussi saisonniers travaillant en station.
Skier un jour sur deux pendant toute la saison d’hiver n’est pas à la portée de tout le monde, et cela implique forcément des “journées de merde” passées sous la pluie, en plein vent, par -20°, ou à skier sur les cailloux.
Est-il possible de skier 80 jours par an sans être professionnel ? Oui, tout à fait, surtout pour les personnes n’ayant aucune obligation professionnelle ou familiale. Mais votre vie en dehors du ski risque d’être très limitée.
Plus de 90 jours par an
On retrouve ici les professionnels de la montagne passionnés, ceux qui arpentent les pistes pendant leurs journées libres et n’hésitent pas à sortir les skis de rando dès qu’il est tombé 5 cm de neige à la mi-octobre.
Ils existent, mais sont en général bien trop occupés à skier pour se vanter de leur exploit, et de toute façon, ils n’en voient pas l’intérêt. Le plus souvent, ils ne réalisent même pas qu’ils skient autant…
C’est quoi, une grosse journée de ski ?
Compter les jours de ski, c’est bien, mais encore faut-il savoir si vous avez “vraiment skié” ! Vu que la tendance est de mesurer les performances et de comparer, allons encore plus loin. Le critère choisi, qui semble le plus objectif mais est sujet à discussion, est le dénivelé parcouru.
Evidemment, ce chiffre augmente bien plus vite en ski de piste qu’en ski de rando…
Moins de 500 m de dénivelé
Petite sortie sympathique en ski de rando , qui permet de se faire plaisir sans y passer la journée. Ce n’est pas un effort énorme, mais c’est idéal pour s’entraîner, ou simplement profiter de la montagne.
Si on parle de ski alpin… Il est clair que vous préférez passer du temps en terrasse que sur les pistes 🙂
De 500 m à 1500 m de dénivelé
Il s’agit déjà d’une belle sortie en ski de rando. Celle-ci peut être plus ou moins longue, plus ou moins difficile, mais dans tous les cas elle vous demande un effort certain et vous permet de passer une belle journée en montagne.
C’est une petite journée de ski alpin, qui correspond à 5-10 remontées d’un téléski. C’est l’idéal pour débuter sans se dégoûter, ou pour aller skier un peu même quand les conditions ne sont pas top.
De 1500 m à 2500 m de dénivelé
En ski de rando, il s’agit déjà d’une très grosse journée. Il faut être capable de tenir au niveau physique, mais aussi avoir de bonnes connaissances de la montagne pour ne pas se mettre en danger.
Si vous utilisez les remontées mécaniques, on se situe alors entre la grosse demi-journée et la journée tranquille. Cela correspond à environ 5-7 remontées de télésiège : on a le temps de s’amuser sur les pistes, et de profiter du reste de la station.
De 2500 à 4000 m de dénivelé
Une journée de ski de rando extrême, qui teste les limites physiques et n’est pas faite pour tout le monde.
Niveau ski de piste, cela correspond à une journée de ski complète “normale”, avec un peu de queue aux remontées et quelques pauses pour manger, boire, admirer le paysage… Il est possible d’enchaîner de telles journées sans trop de soucis.
De 4000 à 6000 m de dénivelé
C’est une grosse journée de ski en station, et quelque chose de très difficilement réalisable en ski de rando.
Pour enchaîner les 10-15 remontées de télésièges nécessaires, mieux vaut qu’il n’y ait pas trop la queue et écourter les pauses au maximum. A moins d’être vraiment en forme, vous aurez du mal à enchaîner de telles journées sur plusieurs jours.
De 6000m à 8000m de dénivelé
Très grosse journée de ski, qui commence tôt et finit tard, et pendant laquelle on ne perd pas de temps à boire des cafés ou faire des photos.
C’est une journée qui fait mal aux jambes, même pour les plus entraînés. Surtout si vous êtes allé jouer dans la poudreuse !
Vous la sentez, cette bonne fatigue ? Une bonne nuit de sommeil, et demain vous ferez une journée plus tranquille 🙂
Plus de 8000m de dénivelé
Même avec une excellente forme physique et une très bonne maîtrise du ski, il est difficile logistiquement d’accumuler autant de dénivelé en une seule journée. Rares sont les stations offrant plus de 2000m de descente d’un seul tenant, et même en dévalant ces pistes à toute vitesse, vous devrez passer du temps dans les remontées…
Parmi mes connaissances, le “record de dénivelé” en une journée appartient à 3 guides ayant descendu l’aiguille du Midi 4 fois dans la journée, soit environ 10.000m de dénivelé dans la journée. S’il est à peu près certain que d’autres ont déjà descendu bien plus, cela aide à mettre en perspective les déclarations de ceux qui “enchaînent facilement 15.000m par jour”…
Quelques mots pour terminer
Et si, plutôt que de compter vos jours de ski et de comparer le nombre de pistes parcourues, vous mesuriez la taille de votre sourire après une journée de ski ?