L’escalade est une discipline particulièrement exigeante, aussi bien sur le plan physique que mental. Le risque est omniprésent et il faudra être capable de prendre les bonnes décisions en quelques secondes, notamment en étant capable de comprendre et de se faire comprendre.
C’est ici que la nécessité de maîtriser le champ lexical de l’escalade intervient. Alors, si pour vous la “couenne” est un morceau de gras, une “croix” indique la ferveur chrétienne et une “goutte d’eau” est ce qui fait déborder le vase, il est plus que temps de faire un point sur le vocabulaire de l’escalade.
Voici notre dictionnaire de la grimpe !
Vocabulaire lié à l’équipement
Les grimpeurs adorent leur matériel, et ont inventé toute une flopée de petits noms pour le désigner.
Sur la paroi
Lorsque vous serez en pleine ascension, voici quelques termes bien utiles concernant le matériel :
- Mou : Les marins aussi parlent d’avoir du mou sur une corde, cela signifie simplement que celle-ci n’est pas tendue.
- Un goujon : Aussi appelé piton à expansion, spit ou gollot, il s’agit d’un point d’ancrage constitué d’une tige expansive sur laquelle se visse une plaquette. L’utilisation des goujons remonterait à 1928 et une ascension sur l’un des versants italiens du Mont-Blanc (aiguille Noire de Peuterey.)
- Un coinceur : Il s’agit d’une pièce métallique permettant de s’assurer et qui comme son nom l’indique se coince dans un trou, une fente ou tout autre interstice se trouvant sur la paroi rocheuse.
- Un clou : Ce terme désigne en réalité un piton. Difficile de se tromper tant l’usage est similaire à celui d’un clou. Une tige métallique qui s’enfonce dans une paroi en y tapant dessus, une impression de déjà vu n’est-ce pas ?
- Spit : Assez similaire au goujon, un spit est une cheville expansive permettant de visser une plaquette grâce à laquelle il est possible de s’amarrer avec un mousqueton. On parle dans ce cas de “spiter”.
- Jumar : Ce terme désigne une poignée bloquante qui se place sur une corde. Si à l’origine le principe fut utilisé en spéléologie dans les années 1950, le Jumar fut ensuite un indispensable des ascensions vertigineuses dont celle de l’Everest.
Autre contexte
Ici, il est question du matériel d’escalade que vous rencontrerez dans un autre contexte qu’une ascension en extérieur (entrainement et préparation ):
- Crash pad : Le nom devrait vous mettre la puce à l’oreille. En effet, la chute et le crash font aussi partie intégrante de l’escalade. Un crash pad est un tapis permettant de vous réceptionner “en douceur” en cas de chute. D’ailleurs, les amoureux de la langue française parlent de “Tapis de Réception”.
- Topo : “Vous connaissez le topo”, “bon, voilà le topo”, nous avons tous entendu ces phrases qui sonnent très hollywoodiennes. Bon, pour faire simple, un topo, c’est un plan détaillé.
- Highball : Il s’agit d’un très (trop ?) gros morceau en escalade. Ce type de bloc d’une dizaine de mètres de haut s’adresse logiquement aux pratiquants les plus expérimentés.
Vocabulaire des mouvements techniques
L’escalade implique de bouger son corps bizarrement et d’avoir des positions étranges.
Mouvement du corps
- Assurage : Les grimpeurs qui vous accompagnent seront ravis d’être assurés par vous et vice versa, car l’assurage a pour but d’arrêter la chute d’un des grimpeurs.
- Bourriner : Ce terme désignant à l’origine un cheval ne se limite pas au monde de l’escalade. Nous trouvons des bourrins, des personnes manquant de finesse et privilégiant le passage en force à peu près partout.
- Charger : Parfois, vous devrez charger, en d’autres termes, transférer votre poids sur une prise plus aisée, c’est généralement du côté des pieds que ça se passe.
- Descendre en fil d’araignée : Nous avons tous vu l’aisance avec laquelle une araignée est capable de descendre en suspension sur un de ses fils. Le rêve de tout grimpeur devient réalité avec ce mouvement de descente en rappel sans toucher la paroi.
- Jeté : N’ayez crainte, il n’est à aucun moment question de se jeter du haut d’une falaise. Jeté correspond au fait de se projeter d’une prise à une autre. Qui a dit comme Spider-Man ?
- Jump : Similaire au mouvement de jeté, mais en encore plus prononcé. (Et ouais, si c’est en anglais, c’est que c’est encore plus extrême!)
- Pomper : Après une chute, il faudra remonter sur la corde, c’est ce qu’on appelle pomper, et c’est pas marrant.
- Ramonage : Ni suie ni rencontre avec le Père Noël. Ici, le ramonage consiste à progresser entre deux parois tout en restant propre (normalement).
- Relance : Vous tenez déjà une prise avec une main et vous en saisissez une autre plus loin avec cette même main ? Félicitations, vous venez de faire une relance!
- Zipper : Mauvaise nouvelle, si vous zippez, alors vos mains et/ou vos pieds sont en train de glisser. La chute n’est pas loin…
Opérations techniques avec le matériel
- Avaler : Au risque de vous décevoir, il n’y a rien de comestible dans cette expression et il ne s’agit que de récupérer le mou d’une corde.
- Clipper : Passer une corde dans un mousqueton est un geste auquel il faudra vous habituer en escalade. Il faudra aussi le nommer, dans ce cas deux options s’offrent à vous, on dit clipper ou mousquetonner.
- Mouflage : Vos camarades de cordée comptent sur vous, notamment si un mouflage est nécessaire. Quésaco ? C’est une opération assez complexe qui permet d’aider un autre grimpeur à se hisser sur la corde, ou de hisser un sac de portage.
Vocabulaire de l’environnement
Dès qu’il sort de la salle d’escalade, un grimpeur devient un véritable amoureux de son environnement, qu’il baptise de moults surnoms.
Vocabulaire de la paroi rocheuse
- Allonge : Il n’est pas ici question de boxe, mais bien d’escalade. Ici l’allonge désigne simplement des prises éloignées les unes des autres.
- Bouse : Sans trop de surprise, il s’agit d’une invitation à passer votre chemin. Une bouse est un parcours loin de faire rêver comme on peut s’en douter.
- Cheminée : Si une fissure est assez grande pour s’y glisser, alors il s’agit d’une cheminée. Vous pouvez la ramoner.
- Colonnette : Petite colonne de roche calcaire se trouvant le plus souvent sur un devers. C’est le genre de chose dont les grimpeurs parlent beaucoup, mais escaladent moins…
- Une dalle : Il s’agit d’une partie relativement plate dont l’inclinaison est favorable aux grimpeurs, à l’opposée du dévers.
- Dièdre : Un passage composé de deux parois peu éloignées et permettant de progresser en s’appuyant sur celles-ci.
- Goutte d’eau : Ces petits trous situés dans la paroi rocheuse sont juste assez grands pour servir de prises pour le bout des doigts. Leur nom vient du fait qu’à l’origine, leur formation est due à la chute répétée de gouttes d’eau pendant des milliers (millions) d’années.
- Martien : Fans de science-fiction, passez votre chemin, un martien n’est qu’un passage d’un niveau exceptionnel de difficulté.
- Prisu : C’est votre jour de chance, il y a des prises à profusion, cet itinéraire est un prisu.
Vocabulaire de l’approche
- Bartasser : Ce n’est pas tout de vouloir gravir une paroi rocheuse, encore faut-il y accéder. Il s’agit parfois d’un véritable chemin de croix, surtout quand l’accès est couvert d’une végétation dense. Après ce dur combat, on dira avoir bartassé ou que que l’accès est une véritable bartasse.
Autres cas de figure rencontrés en escalade
Pleins de petits mots importants pour montrer que l’on est un “vrai” grimpeur, et pas seulement un/e dilettante qui va à la salle d’escalade pour draguer.
Le vocabulaire de l’état physique ou mental
- Les bouteilles : Rien à voir avec le fait d’avoir de LA bouteille, avec LES bouteilles, c’est avoir les avant-bras congestionnés après un effort intense.
- Chiquettes : Ouille, vous venez de vous faire une ou des entailles aux doigts sur une roche coupante. Félicitations, vous venez de vous faire des chiquettes. Ca fait mal, mais ça vous permet de frimer avec vos blessures de guerre.
- S’engatser : Voici une expression bien connue des Marseillais, mais aussi des grimpeurs (marseillais ou autres). Celle-ci désigne le fait de se dépasser pour arriver au bout d’un parcours.
- Se vautrer : Sans trop de surprise, il faudra éviter de se vautrer car dans le meilleur des cas, il s’agit d’une erreur d’appréciation, dans le pire des cas d’une chute.
Autres cas de figure
- Lire : Inutile d’emporter de la lecture, en escalade, lire consiste à analyser un parcours.
- Mule : Cette appellation peu flatteuse désigne un grimpeur misant davantage sur le passage en force que sur la technique. Vous avez dit “bourrin” ?
- Mutant : Pour ne pas devenir une mule, entraînez-vous suffisamment pour devenir un mutant, à savoir, un grimpeur en très nette progression technique.
- Paumatoire : Quand un itinéraire est idéal pour se paumer, on dit qu’il est…paumatoire.
Quelques mots pour terminer
Ce sera tout pour aujourd’hui et nous espérons que désormais le langage de l’escalade n’a plus de secret pour vous. La communication est un élément fondamental, notamment pour assurer sa sécurité et celle des autres.
N’hésitez pas à ajouter des mots de l’escalade dans la section commentaires.