Alex Honnold, probablement le plus célèbre des grimpeurs au monde, est devenu papa à 37 ans. Connu pour ses prises de risque en free solo, ses records (The Nose, Fitz Roy…) et son Oscar du meilleur documentaire, Alex Honnold est un personnage à part dans le monde de la montagne.
Dans cette interview réalisée en décembre 2022, on découvre l’homme derrière les exploits : une conversation des plus intéressantes, que l’on partage avec vous.
Votre ascension historique en solo à El Capitan vous a rendu célèbre auprès du grand public. Continuez-vous à faire du free solo ?
Beaucoup moins qu’avant, mais c’est essentiellement parce que j’ai déjà réalisé la plupart des projets en solo que je m’étais fixé. Cette année, j’ai fait un gros projet à Red Rock Canyons, près de chez moi. C’était assez facile, mais c’est quand même du solo sur de grandes faces. (NDLR : La HURT, ce sont 56km, 23 sommets, 14 voies en solo… en seulement 32h).
Ce n’est pas que tout a changé depuis l’année dernière… On verra par la suite. Cela ne me surprendrait pas de faire moins de solo à l’avenir.
Est-ce que votre perception du risque a changé depuis que vous avez eu votre fille ?
Pour le moment, je ne pense pas que cela ait modifié ma perception du risque, mais clairement cela a changé ma manière d’organiser mon planning. Je souhaite passer le plus de temps possible avec ma fille !
Je préfère des projets plus proches de chez moi, qui me permettent de rentrer me reposer à la maison plutôt que de passer l’après-midi à m’ennuyer dans le van…
Tout change tellement vite : on va randonner en famille, elle commence à grimper… Mes beaux-parents lui ont construit un mur d’escalade pour qu’elle s’entraîne! (Rires)
Il existe tellement de sommets : comment choisissez-vous vos projets ?
Oui, il y en a beaucoup ! Il y a tellement de grandes parois dans le monde… Cet été je suis parti au Groënland pour grimper une paroi de plus de 1000m, c’était un projet avec National Geographic. Le rocher était de mauvaise qualité, l’escalade était dangereuse et pas forcément plaisante… Mais bon, c’est l’une des plus grandes faces au monde !
C’était une aventure extrêmement intéressante, il y avait aussi une glaciologue française avec nous (NDLR : Heidi Sevestre). On a aidé pour une mission scientifique, c’est exceptionnel.
Il existe bien d’autres Big Wall au Pakistan, en Inde au Népal… Dans l’Himalaya, on trouve les plus belles parois du monde ! Mais maintenant que j’ai une famille, ce n’est pas facile de partir pour une expédition de 6 semaines : il faut vraiment que cela vaille le coup.
Avec tous les exploits que vous avez réalisés, quels conseils donneriez-vous à l’heure de se fixer des objectifs ?
Je pense que le plus important est de se fixer des objectifs qui sont réalisables. Je sais que pour vous El Cap peut paraître totalement fou, mais pour moi, au moment de m’y attaquer, c’était le bon moment. J’avais déjà réalisé de nombreuses ascensions et, même si c’était plus long et plus difficile, ce n’était pas beaucoup plus long ou plus dur. C’était un objectif ambitieux, c’est sûr, mais réalisable.
Depuis des années je tiens un journal de grimpe dans lequel je note mes réalisations, mes objectifs, mes projets… C’est un journal d’entraînement très précis, avec des notes sur la nutrition, la charge de travail et pleins d’autres aspects moins quantifiables.
Tout ceci est très utile pour continuer à avancer, et me fixer de nouveaux objectifs.
Voir la vidéo de l’interview :
Remerciement
Un grand merci à Adrian Gore pour cette belle interview de Alex Honnold