Laird Hamilton : “L’Art d’être un Waterman“

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A l’occasion des vingt ans du partenariat entre le surfeur américain Laird Hamilton et la marque Oxbow, la Polka Galerie revient sur les exploits du plus grand surfeur de tous les temps au travers des clichés de Sylvain Cazenave.

Chemin Vert, la station de métro : une fine bruine costarmoricaine rince le Marais, une colonne de journalistes se presse vers la galerie déjà noire de monde. Laird n’est pas encore arrivé ; la foule lorgne sur le punch, trépigne et se gargarise. Sur les murs immaculés, les clichés de Sylvain Cazenave : des vagues, des grosses vagues, de l’écume et un type sur une planche. Rencontre avec le maître photographe :

 

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Laird Hamilton par Sylvain Cazenave

ZeOutdoor : Comment est né le projet de l’expo L’Art d’être un Waterman ?

Sylvain Cazenave : Dans sa quête de grosses vagues, Laird semble se diriger depuis quelques années vers une tendance foil (foilboard : une dérive fixée sous la planche de surf permet de décoller la planche de l’eau et de surfer littéralement sans contact avec la surface de l’eau), une discipline que seulement très peu de gens comprennent…

A la différence d’une planche classique, le foil offre la manœuvrabilité et la rapidité nécessaire pour se lancer dans des big waves. Il fallait expliquer au public l’évolution du surf et des techniques employées pour surfer des vagues toujours plus grosses. D’où l’idée de cette rétrospective photo des grands moments de la carrière de Laird, en collaboration avec le magazine Polka et Oxbow.

 ZeOutdoor : Comment s’est passé votre rencontre avec Laird Hamilton ?

J’ai appris à surfer dans les années 1960 sur la côte basque, et vers 1968-1969 le père de Laird (le pro-surfeur Billy Hamilton) est venu surfer à Biarritz : il avait un style magnifique ! Et lorsque Surfer Magazine a publié un poster de lui, je l’ai immédiatement mis dans ma chambre. Quelques années plus tard, je rencontrais Laird en Californie :

« – Je m’appelle Laird Hamilton
– Ca a quelque chose à voir avec Billy Hamilton ? »
Il m’a alors répondu, d’un ton sec et arrogant :
« – Qu’est-ce que tu veux ? Tu connais mon père ?
– Ouais, j’ai un poster de lui dans ma chambre !
– Tu viens d’où ?
– De France.
– D’où ?? »

Pour lui, j’étais un extra-terrestre qui admirait son père ; il hallucinait totalement ! Si il était aussi prometteur que son père, il fallait que je le suive, ça allait être intéressant… Je l’ai revu ensuite plusieurs fois au cours des années 1980 à Hawaii, à l’époque où il battait des records de vitesse en planche à voile. Et lorsqu’il s’est mis en quête d’un sponsor, je l’ai branché avec Oxbow et l’aventure est partie !

ZeOutdoor : comment ça se passe de photographier des montagnes d’eau éphémères, rares et imprévisibles ?

Je suis surfeur donc je comprends la vague, la houle ; je comprend ce que veut faire le surfer et ce qu’il recherche, donc je sais quand déclencher. A moi ensuite de travailler avec le pilote de l’hélicoptère pour avoir les meilleurs conditions de prise de vue possible. A trois ou quatre kilomètres au large, face à des masses d’eau qui évoluent très rapidement, on ne peut pas shooter depuis un bateau.

ZeOutdoor : une destination surf pour les lecteurs de ZeOutdoor ?

Jeffreys Bay, en Afrique du Sud. Une vague creuse, magnifique, dans une eau fraîche et revigorante ! Sinon, j’adore aussi la Côte des Basques, chez moi à Biarritz.

Le bol de punch est vide maintenant ; la foule commence à se masser bruyamment face à la porte – on aurait aperçu Laird ! Dans une ambiance très tapis rouge, entre le surfer. La masse compacte des appareils photos s’évapore devant les pas du géant bronzé peroxydé. Joviale retrouvailles avec le photographe, pose figée de circonstance face aux iPhones qui crépitent. Et on passe aux autographes et photos souvenirs : pour Jason, pour le petit-cousin de ma voisine, pour la grand-mère de ta sœur.

 C’est dans une autre salle de la galerie que Laird rencontre la presse – et les fans au bras long. Un chien N&B dort sur un élégant fauteuil de cuir ; Laird et les journalistes font cercle autour du toutou endormi.

L'Art d'être un Waterman
Laird Hamilton

ZeOutdoor : C’est quoi alors, être un waterman ?

Laird Hamilton : J’ai toujours refusé de faire de la compétition ; en planche à voile comme en surf, tu restes dépendant des éléments mais aussi de l’organisation : il y a toujours quelqu’un pour siffler et te rappeler à l’ordre, c’est pas ça la liberté. J’ai également vu mon père, pro-surfer, être entraîné dans les circuits de compétitions et à la fin, il ne surfait même plus pour le plaisir. Mais en tant que waterman, it’s all about the ocean, the ocean and nothing else !

Tout est dans la relation avec l’océan ; le waterman utilise sa planche, mais aussi son corps, ses bras ou encore ses palmes pour se propulser et avancer. Le surf est une forme d’expression artistique ; comme le peintre qui couche sur la toile ce qu’il a en tête, je m’exprime par le surf. C’est très facile – et très tentant – de retomber dans une routine, dans un train-train quotidien ; c’est ce que je m’efforce d’éviter à tout prix en continuant à relever de nouveaux défis.

ZeOutdoor : surfer des vagues toujours plus massives, toujours plus impressionnantes ; quel est votre objectif ?

Rester en vie ! (rires) Mais au delà de ça, je suis toujours à la recherche de l’endroit où surfer des vagues très longues – créées par le relief sous-marin et les conditions météo – au Chili ou en Afrique du Sud. J’ai trouvé une vague en Nouvelle-Zélande récemment, la plus longue que j’avais jamais surfé. Sinon, essayer de surfer à l’intérieur d’un tube en stand-up paddle (ou SUP, une longue planche de surf sur laquelle on évolue grâce à une longue pagaie), franchir la plus grande distance en SUP sur 24 heures…

De nouveaux challenges arrivent tous les jours ; je me prépare en attendant.

ZeOutdoor : quel sera votre prochain challenge ? Dans quel pays ?

Mais, comme j’ai dit, j’aimerais trouver de nouvelles vagues au Chili ou en Afrique du Sud. C’est la saison morte pour le surf à Hawaii et dans le Pacifique pendant l’été ; c’est donc à ce moment-là que je me prépare pour l’hiver. Des grosses vagues existent ailleurs qu’à Hawaii bien sûr, mais elles sont très difficiles à atteindre au large et demandent une logistique colossale. Sans compter la météo.

Très souvent, tu passes ton temps à attendre que les conditions soient réunies pour surfer telle ou telle vague ; comme un pompier en alerte. Sinon, au rayon des idées folles, j’ai en tête de surfer des vagues sous-marines, avec un submersible ou équipé d’une combinaison hydrodynamique…

ZeOutdoor : un conseil sport/outdoor à donner à nos lecteurs ?

Il faut que vous essayiez le stand-up paddle ! C’est un sport génial, et tout le monde peut s’y mettre facilement.

Les questions épuisées, le Californien s’en retourne à ses poignées de main et votre dévoué, à la fraicheur de la rue. « Note à moi-même : penser à acheter un stand-up paddle la prochaine fois que je vais à Decathlon! ».

Exposition “Laird Hamilton, l’art d’être un Waterman”.

Du 12 au 30 juin à la Galerie Polka, 12 rue Saint-Gilles, Paris 3e

Les photos sont également à retrouver dans les pages du magazine Polka et sur son site Internet.

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Image de Arantxa Loyola

Arantxa Loyola

Arantxa a deux amours : l’escalade, qu’elle pratique depuis près de 15 ans, et son mari, avec lequel elle vit dans un petit village du sud de la France, là où le climat permet d’être sur les rochers pratiquement toute l’année. Discrète et enthousiaste, elle adore partager sa passion pour la grimpette et se fait un plaisir d’enseigner aux débutants.

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