Comment bien assurer en escalade en toutes circonstances

Avoir le bon matériel c’est bien. Savoir s’en servir, c’est mieux !

gros plan sur un le dispositif d'assurage d'un grimpeur

Pratiquée dans de bonnes conditions, l’escalade est un sport extrêmement sûr. Les équipements et le matériel existant sont de très bonne qualité et apportent une sécurité de haut niveau aux grimpeurs…. à condition de savoir s’en servir !

Dans cet article, on repasse quelques notions essentielles pour bien assurer son partenaire et lui permettre de grimper dans les meilleures circonstances.

grimpeuse bien assurée dans une voie difficile

Savoir assurer en salle d’escalade

Aujourd’hui, 80% de l’escalade se fait en salle, sur des murs équipés. Dans cet environnement en théorie plus sécurisé, il est fréquent de manquer de vigilance… Chose qu’un grimpeur ne peut pas se permettre.

Avant la montée

Les 2 premières étapes avant d’attaquer votre ascension en salle d’escalade seront la réalisation d’un encordement avec un nœud en huit (ou de chaise) puis un partner check.

Ah, ce partner check, que tout le monde fait les 3 premières fois, puis qui devient optionnel parce que “ça va, on sait ce qu’on fait”… En Espagne, on dit que “4 yeux voient mieux que 2” (“cuatro ojos ven mas que dos”), et vous comprendrez pourquoi le jour où :

  • Vous vous apercevez que le grimpeur a fait un superbe noeud de 8, mais a oublié de le passer dans son pontet (cas vécu)
  • L’assureur a mis la corde dans le descendeur, mais pas dans le bon sens (cas observé)
  • L’assureur a bien mis la corde dans le grigri comme il faut… mais la corde de la voie d’à côté (c’était moi….)

Toutes ces situations sont restées au stade de l’anecdote amusante que l’on raconte encore des années après, grâce au partner check. Sans vérification préalable, qui sait ce qui aurait pu arriver…

L’assurage en 5 temps

C’est la base pour assurer en escalade, valable avec tous les types de descendeur :

  1. On tire la corde
  2. On avale le mou
  3. On descend la main droite
  4. On prend la corde avec la main gauche sous le descendeur
  5. On remonte la main droite

Si vous ne connaissez pas encore cet assurage en 5 temps, offrez-vous un cours d’une heure avec un professionnel qui vous apprendra à maîtriser parfaitement cette technique, et à l’appliquer dans différentes situations.

Si vous connaissez l’assurage en 5 temps, mais que vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire, voici une excellente vidéo de l‘UCPA

Assurer la descente

Oubliez les films américains avec le héros qui descend à toute vitesse sur sa corde.

Ne vous émerveillez pas devant ces “spécialistes” qui descendent en 3 grands bonds, ce sont des admirateurs de films américains, pas des grimpeurs.

La descente en escalade se fait de manière linéaire (pas de sauts), contrôlée (c’est l’assureur qui gère la descente), et sécurisée (toujours avoir les deux mains sous le descendeur). La vitesse de descente est secondaire, et suit en général cette courbe :

  • Les débutants descendent doucement, en respectant bien toutes les règles de sécurité
  • Les intermédiaires descendent vite pour montrer qu’ils maitrisent.
  • Les confirmés descendent doucement. Comme les débutants, mais en plus détendu !

Savoir assurer en bloc

Contrairement à ce que l’on peut penser, le bloc est responsable de plus d’accidents que la couenne ou la grande voie, même si ceux-ci sont généralement bien moins graves.

Dis d’une autre manière : une chute de 1m est rarement mortelle, mais peut causer coupures, brûlures, foulures et tout un tas de trucs désagréables en -ures !

Faire du bloc tout seul

Vous grimpez seul, vous n’avez donc personne pour vous assurer… Dans ce cas, vous avez deux options :

  • Le matelas, si vous êtes en salle
  • Votre crash pad, si vous êtes en extérieur
grimpeur en bloc avec assureur faisant la parade

Faire du bloc avec un partenaire

C’est recommandé. Même s’il est vrai que, vu que vous avez votre partenaire de grimpe, pourquoi ne pas aller en couenne ? 😉

Dans ce cas, on parle de parade plutôt que d’assurage. C’est une technique utile aussi bien en bloc qu’en départ de voie, avant la pose de la première dégaine.

  • L’assureur se positionne sous le grimpeur un peu en arrière, les bras en l’air
  • Les mains sont dirigées au niveau du bassin (pas des jambes, ni du dos)
  • En cas de chute du grimpeur, l’objectif est d’amortir, pas de bloquer la chute

On dit encore une fois merci à l’UCPA pour une autre excellente vidéo :

Savoir assurer en falaise

L’assurage en falaise repose sur les mêmes techniques qu’en salle, du partner check à la descente contrôlée en passant par les 5 temps. Mais, dans ce cadre naturel, les “distractions” et autres “surprises inattendues” sont bien plus nombreuses…

C’est pourquoi j’ai choisi une liste d’erreurs courantes, et explique comment gérer ces situations. Cette liste est non exhaustive et sera sûrement complétée au fur et à mesure des remarques de nos amis lecteurs !

La distraction

Quand on assure, on se doit d’être concentré sur ce que l’on fait et sur la progression du grimpeur. Bien sûr, les distractions existent aussi en salle (“T’as vu, le mec il a des Miura et il tombe dans un 5b!”), mais elles sont plus nombreuses en extérieur.

Un joli paysage, une marmotte qui siffle, un oiseau qui passe… ou -moins bucolique-, le klaxon d’une voiture, le bruit d’un tracteur… et l’on oublie de bien garder les mains sur la corde. Et, selon la loi de Murphy, c’est le moment que choisit le grimpeur pour perdre l’équilibre et partir en vol dans un dévers !

Vous l’aurez compris : quand vous assurez quelqu’un, vous êtes à 100% concentrée sur ce que vous faites. Vous regarderez le paysage plus tard.

Les insectes

La nature est superbe, mais pourquoi a-t-elle inventé autant de petites bestioles qui piquent, mordent, grattent et dérangent ?

De la fourmi qui s’attaque à votre sandwich de tofu à la guêpe qui tourne autour de vous, en passant par les chenilles processionnaires qui grimpent sur le sac et les mouches qui adorent votre odeur, les insectes ne sont pas l’ami du grimpeur. Ou de l’assureur.

On en revient au point précédent : le risque de distraction. Difficile de bien assurer en 5 temps quand vous avez mis le pied dans une fourmilière (les rouges, celles qui font mal quand elles mordent)… mais il le faudra.

Quoiqu’il arrive, vous devrez garder les mains sur la corde et les yeux sur le grimpeur. Même si vous êtes attaqué par Shelob ou Aragog (qui vivent dans le sud de la France, au cas vous ne le saviez pas)

araignée sur paroi d'escalade
La Shelob Méditerranéenne, proche parente de l’Aragog des Alpes

Le placement en pied de voie

Assurer en falaise est un compromis constant entre :

  • rester au plus proche de la paroi pour ne pas se faire embarquer en cas de chute
  • se déplacer en latéral pour gêner le moins possible la progression du grimpeur (vrai surtout pour les moulinettes)
  • s’éloigner de la paroi pour avoir une meilleur visibilité de la voie

Oui, il est possible d’assurer assis tranquillement sur un rocher, mais, pour bien assurer, il vous faudra probablement être dynamique et adapter votre placement à la position du grimpeur.

La différence de poids

Dès que la différence de poids entre le grimpeur et l’assureur dépasse les 20 kilos, le risque augmente. Il faut alors redoubler d’attention, travailler parfaitement son placement, et ne pas hésiter à mettre le pied sur la paroi (ou un rocher, un arbre) pour anticiper les chutes.

Si la différence de poids est supérieure à 30 kilos, il est plus que vivement conseillé à l’assureur de se vacher en pied de voie, le plus souvent à un arbre.

grimpeur passant un toit grâce à un bon assureur qui le garde en sécurité

Savoir assurer en grande voie

Après un long débat avec moi-même, j’ai décidé de ne pas aborder la thématique de l’assurage en grande voie, pour plusieurs raisons :

  • Pour se lancer en grande voie en cordée autonome, il faut avoir des connaissances minimum, qui ne peuvent être acquises en lisant un article. Engagez un guide, rejoignez un club, devenez membre du CAF… et apprenez les bons gestes.
  • Si le principe est toujours le même (les 5 temps…), il existe autant de variantes, astuces et manières de faire qu’il existe de grimpeurs. Parler de tout cela risque d’embrouiller l’esprit de celui qui apprend, plutôt que de l’aider à bien comprendre ce qu’il doit faire.

Si vous êtes venu ici juste pour savoir assurer en grande voie, je suis désolée de vous décevoir.

alpinistes faisant des manips de corde dans une grande voie

Pour aller plus loin

D’une manière générale, si vous avez envie d’en savoir plus sur la sécurité en escalade et les bons gestes à avoir, je vous conseille ce document de la Fédération Française des Salles d’Escalade (pardon, la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade 😉 ).

Il est un peu long, un peu “blabla administratif”, mais s’avère très complet. Notamment la partie sur le partner check, ou “double contrôle” en langage administratif (De même que l’on parle d’atelier poulie plutôt que de moulinette).

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Image de Arantxa Loyola

Arantxa Loyola

Arantxa a deux amours : l’escalade, qu’elle pratique depuis près de 15 ans, et son mari, avec lequel elle vit dans un petit village du sud de la France, là où le climat permet d’être sur les rochers pratiquement toute l’année. Discrète et enthousiaste, elle adore partager sa passion pour la grimpette et se fait un plaisir d’enseigner aux débutants.

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