L’hiver en montagne, ce n’est pas que le ski de randonnée pour les amoureux des sports outdoor. Longtemps réservé à une élite de fous furieux, l’alpinisme hivernal est en train de se démocratiser.
Mais ceci ne doit en aucun cas se faire au détriment de la sécurité !
Voici un petit tour d’horizon de ce qu’il est bon de savoir avant de se lancer dans vos premières ascensions hivernales.
Alpinisme hivernal : l’importance de la sécurité
On ne le répètera jamais assez : sans sécurité, l’alpinisme n’est rien.
C’est tout aussi vrai en été qu’en hiver, mais quand les températures baissent, que la neige et la glace font leur apparition, et que les journées se raccourcissent, les risques sont multipliés.
Le guide de haute-montagne, indispensable !
Pour pratiquer l’alpinisme hivernal, vous aurez besoin d’un guide certifié. Lui seul est capable de vous aider à évoluer en sécurité, aussi bien au niveau des techniques à utiliser que du choix des itinéraires ou de la lecture des conditions.
Soyez réaliste au sujet de vos compétences… Et posez-vous la question : “Si vous êtes vraiment autonome en alpinisme hivernal, pourquoi lisez-vous cet article ?”
Vous avez un ami “spécialiste de la montagne” qui vous propose de vous emmener ? S’il s’agit d’un guide professionnel, sautez sur l’occasion ! S’il s’agit d’un “super passionné qui ne vit que pour la montagne (depuis le Covid…)”, passez votre chemin…
Les connaissances spécifiques à l’alpinisme hivernal
Elles ne s’apprennent ni dans les livres, ni dans les vidéos Youtube. Et votre expérience de l’alpinisme estival ou de l’escalade, si elle s’avère très utile, est loin d’être suffisante. Quelques exemples :
- Savoir poser un friends n’aide pas à l’utilisation des broches à glace
- Grimper du 8b ne garantit pas que vous passerez une goulotte de glace à 70°
- Assurer son partenaire par -20° sur une arête exposée n’est pas la même chose que d’assurer son partenaire au pied d’une falaise, par une belle soirée d’été.
- Estimer la qualité du rocher ne permet pas de bien estimer la qualité de la glace ou de la neige
- Un itinéraire peut changer du tout au tout entre l’été et l’hiver
Si votre objectif est de devenir autonome en alpinisme hivernal, le meilleur moyen d’apprendre est aux côtés d’un professionnel.
Si vous souhaitez juste profiter des joies de l’alpinisme en hiver, sans vous casser la tête ou mettre votre vie en danger, faites confiance à un professionnel.
L’alpinisme hivernal est-il accessible à tous ?
OUI !
Enfin presque : il faut avoir un minimum de forme physique et de connaissance de la montagne. Si la dernière fois que vous êtes sorti de votre canapé, c’était pour aller célébrer la victoire de la France en 2018, commencez par une petite rando !
Ne pas confondre exposition et difficulté technique
Voici l’une des erreurs les plus fréquentes, responsable de nombreux accidents : une course facile peut être très dangereuse, tandis qu’une ascension difficile peut être “sûre” (la montagne ne l’est jamais à 100%)
L’alpinisme hivernal est un sport exposé, avec un risque élevé s’il n’est pas pratiqué dans les bonnes conditions, mais qui n’est pas nécessairement difficile techniquement !
Sachez qu’il existe de nombreuses courses d’alpinisme hivernal cotées F (Facile) ou PD (Peu Difficile). Accompagné.e d’un bon guide qui assure votre sécurité, vous devriez vous faire plaisir.
Quel niveau est nécessaire pour débuter en alpinisme hivernal ?
Comme vu un peu plus haut, une forme physique décente (pouvoir marcher plusieurs heures), une connaissance basique du milieu montagnard (avalanche = danger), ainsi qu’une certaine capacité à sortir de son petit confort (froid, vent…) est suffisant.
Ceci signifie que l’immense majorité des randonneurs, grimpeurs et traileurs peut s’y lancer.
Toutefois, il semble plus judicieux que les néophytes attendent l’été prochain pour découvrir l’alpinisme estival avant de se lancer dans l’alpinisme hivernal (on peut faire de belles courses de neige et de mixte en été). Cela semble une progression plus logique.
Où faire de l’alpinisme hivernal ?
Un peu partout où il y a des montagnes 🙂 Mais, pour découvrir cette activité, certaines zones sont mieux que d’autres…
En France
Chamonix est une destination de choix pour découvrir l’alpinisme en hiver. De nombreuses courses de tous les niveaux de difficultés, d’excellentes infrastructures, et des guides bien préparés et organisés. Par contre, vous risquez de ne pas être seul.e…
La Grave est une excellente alternative, moins courue, mais qui présente les mêmes avantages : beaucoup de courses variées, nombreux guides qualifiés, et infrastructures présentes.
Dans les Pyrénées, la Sierra del Cadi est la destination phare pour l’alpinisme hivernal. Entre France, Espagne et Andorre, de nombreux couloirs et sommets s’offrent à tous.
En Europe
Comment les Anglais, qui n’ont pas un sommet dépassant les 1500m, ont-ils pu devenir de si bons alpinistes ? En s’entraînant sur les pentes du Ben Nevis qui, malgré une altitude modeste de 1344m, propose de très nombreux tracés en neige, glace, mixte… pour tous les niveaux. Un peu comme à Chamonix, vous trouverez tout ce qu’il vous faut sur place, ainsi que les foules de touristes qui vont avec.
Les aventuriers pourront aller jusque dans les Carpates, et plus particulièrement en Roumanie. Comme expliqué dans cet article sur l’alpinisme hivernal en Roumanie, les infrastructures sur place sont loin des standards auxquels on peut être habitués, et les secours en montagne ne sont pas aussi proches que dans les Alpes… Mais, accompagné d’un bon guide, vous pouvez parcourir quelques courses absolument superbes, dans une nature sauvage comme on n’en voit plus en Europe.
Quelques mots pour terminer
Nous terminerons cet article comme on l’a commencé : en rappelant l’importance de la sécurité. Ne vous surestimez pas, et faites confiance aux professionnels.
Pour que la montagne reste un plaisir, faites tout pour éviter l’accident !